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Image removed.Excellences, 
Excellence, Monsieur le Président El-Sisi, Président sortant de l’Union africaine ;
Majestés ;
Excellences, Mesdames et Messieurs les chefs d’État et de gouvernement ;
Excellence, Monsieur Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine ;
Excellence, Monsieur Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations unies ;
Honorable Mohammed Shtayyeh, Premier Ministre de l’État de Palestine représentant le Président Mahmoud Abbas ;
Excellences, anciens chefs d’État et de gouvernement ;
Mesdames et messieurs les chefs des organes de l’UA ;
Mesdames et messieurs les chefs des Communautés économiques régionales ;
Mesdames et messieurs les commissaires de l’Union africaine ;
Distingués invités ;
Mesdames et messieurs ;
Mes frères et sœurs Africains,

Je me présente à vous en toute humilité en raison du grand honneur que vous conférez à l’Afrique du Sud. Au nom des Sud-Africains et des Sud-Africaines, j’accepte volontiers votre décision collective de nous confier la présidence de l’Union africaine pour 2020.

Dans l’exercice de cette lourde responsabilité, je ferai constamment confiance à votre soutien, votre sagesse et votre coopération, en particulier venant des membres du Bureau nouvellement élu.

Je tiens à remercier notre hôte, le Prix Nobel de la Paix, le Premier Ministre Abiy Ahmed, le gouvernement et le peuple de la République fédérale démocratique éthiopienne, pour l’excellente hospitalité qui m’a été assurée ainsi qu’à ma délégation depuis notre arrivée à Addis-Abeba. 

Je tiens aussi à remercier mon frère, le Président Abdel Fattah El-Sisi de la façon remarquable dont il a présidé aux travaux de l’UA pendant son mandat.

L’Afrique du Sud a assuré pour la première fois la présidence de l’Union africaine lors de son nouveau lancement historique en Afrique du Sud en 2002, et c’est le Président Thabo Mbeki, parmi nous ici aujourd’hui, qui en avait assumé la présidence. Nous sommes vivement touchés que vous nous donniez encore une fois l’opportunité de prendre la pointe de cet auguste organe de gouvernance de notre continent et de la confiance que vous nous faites aujourd’hui.
 
Excellences, nous sommes conscients de l’importance de cette mission, comme du poids de l’histoire ici, en Éthiopie, pays qui a des liens tellement profonds avec le lointain passé de l’Afrique.

Dans les hauteurs du nord de l’Éthiopie, dès le 1er siècle, nos ancêtres apprivoisaient la nature sauvage pour y cultiver la terre, élever des troupeaux, frapper leurs propres monnaies, créer leur alphabet, construire d’imposants monuments que nous admirons encore à ce jour et forger de vastes routes commerciales dans toute la région.

Avec le passage et l’évolution du temps, nos ancêtres avaient compris que tout véritable progrès, tout vrai développement ne pourraient se faire que grâce au commerce, en travaillant de concert.

Aujourd’hui, nous sommes à l’orée de la plus grande avancée dans l’unité du continent depuis la fondation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA).

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) que nous avons adoptée l’an dernier va nous permettre d’œuvrer ensemble, grâce au commerce intra-africain, pour revitaliser l’industrialisation et ouvrir la voie à l’intégration de l’Afrique dans l’économie mondiale en qualité d’acteur considérable.

C’est là la réalisation du rêve de nos ancêtres : voir les riches ressources de l’Afrique exploitées dans l’intérêt collectif des Africains.

En vérité, notre continent est riche.

L’Afrique est riche de ressources naturelles, oui, mais elle est aussi riche en histoire, en produits intellectuels, en culture, en sens de l’humanité et en capital humain.

Nous, Africains vivant dans cette ère nouvelle, devons assumer de plus grandes responsabilités pour faire en sorte que les richesses de l’Afrique ne soient pas sources de pauvreté, que ces bénédictions ne deviennent pas des malédictions, que nos richesses ne deviennent pas notre perte.

C’est à nous qu’incombe la tâche de construire une Afrique prospère et en paix avec elle-même.

Une Afrique capable de réaliser les aspirations que votre auguste assemblée a inscrit dans l’Agenda 2063.

Une Afrique connectée par de vastes réseaux de routes et de voies ferrées, permettant la libre circulation des biens, des personnes et des services.

Une Afrique dont les vastes étendues de terres soient dédiées à l’agriculture, au commerce et à l’existence de ses populations.

Une Afrique dont les puissantes voies d’eau soient exploitées pour produire de l’électricité qui soit distribuée dans tous les bourgs, les villages, les villes, les foyers et les entreprises.

En assumant la présidence de l’UA, nous nous sommes fixés comme priorité des priorités de favoriser les progrès en cours dans la Décennie africaine d’action.

Nous souhaitons approfondir notre travail commun pour renforcer l’unité de notre continent et y faire progresser une croissance économique inclusive et un développement durable.

Notre travail collectif pour assurer l’unité politique et économique, la bonne gouvernance et la paix devrait être consolidé en appuyant l’intégration, l’industrialisation, le développement économique, le commerce et l’investissement.

Pour réaliser cette priorité, nous accueillerons le 13e Sommet extraordinaire sur la ZLECA juste après le Sommet extraordinaire pour Faire taire les armes en mai 2020.

Nous travaillerons en étroite collaboration avec le Président Mahamadou Issofou du Niger, en sa qualité de Champion de la ZLECA pour l’UA, afin de finaliser les questions en suspens dans l’accord.

Nous devons tous faire en sorte que la ZLECA ne devienne pas un canal permettant à des produits n’ayant qu’une valeur ajoutée africaine minime de pénétrer sur nos marchés locaux sous guise d’intégration continentale. 

Il doit y avoir des normes raisonnables qui garantissent qu’un produit est Fièrement Fabriqué en Afrique.

Nous devons permettre aux entreprises africaines d’être sur un pied d’égalité pour pouvoir opérer dans un plus vaste marché sans être handicapés par la fragmentation des réglementations. Ceci doit faire partie intégrante du rééquilibrage des relations commerciales mondiales.

L’ère du colonialisme et de l’impérialisme économique, qui fait de l’Afrique un simple arrêt dans la chaîne mondiale de montage, est dépassée.

La réussite de la ZLECA va dépendre du développement des infrastructures.

Nous devons tous être à la pointe de la réalisation de l’Initiative présidentielle en faveur des infrastructures, afin que des projets prioritaires ayant un fort impact servent de catalyseurs pour la ZLECA.

En plus de l’intégration commerciale, nous nous sommes fixés pour but d’appuyer la croissance verte de notre continent pour faire en sorte que l’Afrique tire parti des opportunités qu’offre la transition verte.

Il s’agit notamment des nouvelles industries énergétiques, du génie des matériaux, de l’économie circulaire, de l’agriculture durable et de la production propre.

La 4e révolution industrielle offre à notre continent d’immenses possibilités. L’adoption de technologies numériques permettra d’améliorer la compétitivité et de créer de nouvelles opportunités de croissance inclusive.

Des millions de jeunes de notre continent sont nés dans le numérique et nous devons mener en Afrique une révolution des compétences qui permette à l’avenir une avancée décisive de notre économie. Pour réaliser cette importante part de nos responsabilités, nous devrions envisager de mettre en place un Forum africain de l’intelligence artificielle, qui englobe également la diaspora.

Excellences,

En cette année où se conclut la Décennie de la femme africaine, nous devons faire progresser l’inclusion économique et financière des femmes, nous devons surmonter le fléau des violences sexistes. 

Nous voulons mettre l’accent sur l’exigence de faire respecter les engagements pris dans le monde à ce sujet.

Nous avons entendu les cris des femmes et des jeunes filles d’Afrique qui veulent être libérées du joug du patriarcat, de la violence et de l’exclusion économique.

Nous nous souvenons de ce que disait le romancier et militant égyptien Nawal el Saadawi : les femmes sont la moitié de la société. Il ne peut y avoir de révolution sans les femmes, il ne peut y avoir de démocratie sans les femmes.

Nous comptons travailler en étroite collaboration avec le Président Akufo-Addo du Ghana pour faire en sorte que les intérêts des femmes soient pris en compte et nous voudrions que les années 2020 à 2030 soient déclarées Décennie pour l’inclusion financière et économique des Africaines.

Je pense que l’Organisation panafricaine des femmes (PAWO), fondée en 1962, un an avant la fondation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) pour promouvoir les droits et l’égalité des femmes, devrait être consolidée pour lui permettre de jouer son véritable rôle. 

Nous devons trouver des moyens plus concrets et durables d’assurer l’autonomie des femmes de notre continent : des moyens qui aillent au-delà des clichés et des grands discours en chaire dont nous avons l’habitude.

Les marchés publics et privés offrent de grandes possibilités puisqu’ils comptent pour 30% du PIB de nombreux pays du continent.

L’Agenda 2063 souhaite qu’au moins 25% des marchés publics soient alloués à des entreprises appartenant à des femmes, mais pour l’instant elles n’en ont que 1%. 

Il faut que cela change. 

Il n’est pas déraisonnable de souhaiter une loi sur l’allocation préférentielle des marchés publics aux entreprises appartenant à des femmes et pour la mise en place de régimes commerciaux et douaniers préférentiels pour les femmes.

L’autonomisation des femmes de notre continent peut être assurée. Elle doit être assurée !

La représentation des femmes dans les structures de prises de décision de nos gouvernements, parlements et autres secteurs est beaucoup trop faible.

Les femmes de notre continent veulent et exigent d’occuper la place qui leur revient dans toutes les structures décisionnelles. Elles méritent d’y figurer à 50%. 

Ceux d’entre nous qui ont permis la participation des femmes aux structures décisionnelles ont bénéficié énormément de leur sagesse innée, de leur clairvoyance et de leur énergie. Les femmes de notre continent veulent jouer un véritable rôle dans son développement. Il ne faut pas les en empêcher.

La violence envers les femmes continue de sévir dans notre continent.

Nous ferons de l’adoption d’une Convention de l’UA sur la violence envers les femmes une priorité, ainsi que de la ratification par les États membres des protocoles internationaux qui interdisent les discriminations envers les femmes.

Nous allons appuyer la bonne gouvernance et la démocratie en tirant parti de l’excellent travail du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) dont on nous a demandé d’assumer la présidence.

Nous avons 40 États qui se sont joints au MAEP. Nous allons exhorter les États membres qui ne l’ont pas encore ratifié à le faire afin de parvenir à l’adhésion universelle d’ici 2030.

Nous apporterons une contribution à la promotion de la paix et de la sécurité dans notre effort collectif de Faire taire les armes.

Avec le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, la Commission de l’UA et les efforts de tous les membres, nous allons nous efforcer de résoudre les conflits dans tout le continent, en particulier ceux qui perdurent.

Nous travaillerons avec le Président Denis Sasso N’Guesso, en sa capacité de Président du Comité de haut niveau de l’UA sur la Lybie, à l’organisation d’une conférence intra-Lybienne pour favoriser un cessez-le-feu et promouvoir le dialogue.

Nous continuerons de travailler avec les parties du Soudan du Sud afin de mettre en œuvre les éléments en attente de l’Accord revitalisé, pour ouvrir la voie à la formation d’un gouvernement d’union nationale.

L’Afrique du Sud va aussi accueillir un Sommet extraordinaire pour Faire taire les armes, en mai 2020, afin d’examiner la mise en œuvre de la Feuille de route de l’UA tout en répondant aux nouvelles urgences dans le paysage de la paix et de la sécurité en Afrique. 

Ce Sommet devrait concevoir de véritables actions que nous Africains pouvons mener pour mettre fin aux conflits, ainsi qu’aux actes de terrorisme qui sévissent dans de nombreux pays et régions, notamment dans le Sahel, la Corne de l’Afrique, et se propagent maintenant aussi en Afrique australe. 

Nous devons aussi faire face aux actions d’autres pays de l’extérieur de notre continent qui y mènent des guerres par procuration en alimentant les conflits en cours. 

Le principe de trouver des solutions africaines aux problèmes de l’Afrique doit être le thème majeur pour surmonter tous les conflits sur notre continent lorsque nous travaillons dans le cadre de l’UA et de l’ONU. 

Lors de notre présidence, nous nous ferons le champion de positionner l’Afrique en acteur mondial solide, résilient et influent, ce pourquoi la coopération entre l’UA et l’ONU sera essentielle. Nous devons faire en sorte que l’Afrique continue de jouer un rôle toujours plus important sur la scène mondiale.

Il est aussi impératif à présent que l’Afrique continue d’affirmer la primauté du multilatéralisme dans les affaires mondiales. Nous devons poursuivre cette tâche en favorisant les relations entre l’UA et les Nations unies (ONU).

Nous devons mettre l’accent sur la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, faire progresser la réalisation des Objectifs de développement durable de l’ONU à l’horizon 2030 et assurer le respect des engagements de 2016 de l’ONU à propos du VIH/sida.

Notre sort à tous dépend de la coopération internationale et de ne faire aucun laissé-pour-compte.

C’est pourquoi l’Union africaine doit continuer d’appuyer la lutte des peuples partout où ils subissent le joug de l’oppression. 

Nous réaffirmons aujourd’hui notre constant soutien et notre solidarité avec le peuple palestinien dans sa lutte légitime pour un État souverain et indépendant, ainsi qu’avec le peuple du Sahara occidental pour son droit à l’autodétermination. 

Nous devons tout faire pour que notre indépendance et la liberté des peuples de notre continent soient universelles.

Comme le chantait le fameux musicien Jonas Gwangwa: "La liberté pour quelques-uns, c’est la liberté pour personne".

Notre coopération internationale doit aussi porter sur les efforts du continent pour surmonter la crise climatique planétaire. 

En qualité de président du Comité des chefs d’État et de gouvernement africains sur les changements climatiques, l’Afrique du Sud va prioriser les trois objectifs mondiaux de l’Accord de Paris : atténuation, adaptation et soutien.

Excellences,

Notre Union témoigne de la puissance de l’union politique. 

Reprenons notre marche vers l’intégration économique, le développement, le progrès, la croissance et la prospérité partagée.

Notre continent est véritablement en pleine avancée. 

Il s’agit vraiment d’une régénération morale et éternelle, comme le disait le révolutionnaire sud-africain Pixley isaka Seme.

Construisons l’Afrique que nous voulons.

Faisons taire les armes.

Forgeons des charrues avec nos épées, faisons des faucilles de nos lances.

Ce sont les actions que nous engageons à partir d’aujourd’hui qui vont déterminer l’avenir de notre continent.

Si nous poursuivons nos objectifs avec diligence et détermination, si nous mobilisons nos populations pour les appuyer, je suis certain que notre Union peut avoir un impact véritable et efficace.
 
Comme le disait ce grand fils de l’Afrique, Ngũgĩ wa Thiong'o:
"Aujourd’hui est le trésor de demain. Demain est la récolte que nous plantons aujourd’hui."

Dirigeants africains, nos frères et nos sœurs, nous vous saluons. 

Grâce à votre leadership nous avons semé les graines d’une véritable unité africaine. 

Grâce à toutes les actions que nous menons pour consolider l’unité de notre continent, pour favoriser l’intégration économique, pour autonomiser les Africaines et faire taire les armes, préparons-nous avec impatience à nos récoltes.

Nos peuples attendent la récolte de nos travaux.

Notre passé fut glorieux, notre avenir le sera aussi.

Je vous remercie.

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